The End, une bande dessinée pour appréhender l'intelligence des plantes.


Et si les arbres ne supportaient plus l’espèce humaine et pourraient alors réguler l’espèce humaine ? C’est la grande interrogation qui traverse toute cette bande dessinée à la couverture menaçante.
C’est l’histoire de Théodore Atem, un jeune stagiaire dans une équipe de chercheurs en Suède qui travaillent sur la communication des arbres entre eux et entre nous. Le professeur Frawley, qui dirige l’équipe avec son assistante Moon, tente de démontrer que les arbres détiennent les secrets de la Terre à travers leur ADN, leur codex. En effet ce professeur est persuadé que les arbres sont capables de communiquer entre eux, et renferment une science qui nous dépasse complètement. Dans son laboratoire, il étudie les gênes des arbres pour essayer de les décoder, et peut être en apprendre plus sur l’histoire de notre planète. Mais au fil des expériences le professeur et Théodore remarquent qu’il se passe des choses très bizarres : les animaux sauvages n’ont plus peur de personne et les arbres sécrètent des substances surprenantes. Des champignons toxiques apparaissent et des promeneurs dans les Pyrénées espagnoles meurent mystérieusement. Ces signes seraient-ils annonciateurs d’un drame planétaire ?
Zep aborde dans cette bande dessinée, qualifiée de thriller écologique, le thème si récurrent de la fin du monde en se l’appropriant. Cet album d’anticipation nous renvoie aux préoccupations environnementales actuelles en raison du comportement dévastateur de l’homme.
Sans tomber dans le catastrophisme, ni utiliser le registre de la culpabilité et du reproche, Zep nous rappelle que nous ne sommes pas une espèce supérieure et bien juste une espèce parmi d’autres. A l’échelle de l’histoire de la planète, nous ne sommes pas grand-chose.
Il souhaite avant tout nous rappeler les faits et nous ouvrir les yeux sur la manière dont nous traitons le monde et la vengeance que celui-ci est en train de préparer.




Les propos de Zep doivent être pris au sérieux car il se repose sur des faits scientifiques étayés et confirmés pour la plupart, et d’autres supposés mais pas encore prouvés. Une véritable réflexion scientifique est mise en place. De plus l’intrigue s’ouvre sur l’histoire des koudous, ces grosses antilopes retrouvées mortes après avoir mangé des feuilles d'acacias dont les arbres auraient modifié la composition pour se protéger. Cette histoire est bien réelle et a inspiré Zep pour l’écriture de The End. De plus le personnage du professeur Frawley est directement inspiré du botaniste Francis Hallé. Ce botaniste et spécialiste des arbres à bien voulu relire le script pour en faire une sorte d’expertise scientifique.
Cependant il faut tout de même rappeler que la fiction reste très présente. Le message que Zep veut passer est clair : la nature a les moyens de se protéger et on a tout à fait intérêt à la respecter.
Tout en voulant être pris au sérieux, Zep explique que pour lui la fiction est un bon moyen de se familiariser avec cette idée de fin du monde. C’est un scénario de fiction mais qui a de fortes chances d’être véridique.






Suite à la lecture de cette bande dessinée, trois grandes idées ressortent. La nature n’est pas notre amie. A force d’être malmenée elle ne peut plus supporter la présence de l’humain. De plus nous pensons maîtriser la nature. En réalité nous ne contrôlons rien. C’est elle qui nous contrôle. Elle nous envoie de nombreux signes que ne nous sommes pas capables de percevoir. C’est bien là tout l’enjeu de cet ouvrage.
Les êtres humains seront-ils capables de détectés les signaux de la nature ? Cette fois-ci c’est la nature qui rappelle à l’ordre les humains.
Mais toutes ces interrogations peuvent se soulever uniquement si l’on considère que les plantes sont intelligentes.
Cela passe par les réflexions du personnage principal : « Et si les arbres avaient une conscience, une intelligence capable de prendre des décisions. Je pensais que nous étions là pour observer la forêt. Mais c’est elle qui nous observait. »
De plus en voulant inverser les rôles et en rappelant à l’ordre les humains, nous laissons la parole aux arbres.
De manière implicite cet ouvrage aborde des thèmes importants telles que l’intelligence des plantes, leur moyen de communication entre elles mais aussi envers les êtres humains.
Les arbres sont connectés tous ensemble mais pas seulement. Ils communiquent avec les animaux, avec des éléments atmosphériques, mais aussi avec le sol grâce aux racines qui jouent le rôle d’antenne.
On aborde donc les principes qui permettent aux arbres de décider. Il existerait ainsi trente-six manières différentes de communiquer pour les arbres.
Pour conclure, Zep ne donne pas de réelles solutions, il n’est après tout que dessinateur. Son but avec cette bande dessinée est avant tout de nous alerter et de nous pousser à nous penser différemment sur terre. Nous sommes formatés à être les rois du monde mais nous n’avons pas la place centrale sur cette Terre. Cette idée de l’humain au sommet de l’intelligence et du développement doit être banni de nos idéaux.
Ni trop moralisatrice ni trop éducative, Zep à trouver le bon dosage pour faire passer son message écologique. Croyez-moi on ne ressort pas indemne de cette lecture.
Les roseaux pensants

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