Des plantes intelligentes ? Quitter la vision anthropocentriste

Dessin de Francis Hallé

« Il faut laisser une plante trouver son propre chemin vers la lumière, sans essayer de lui imposer le vôtre » - Richard Cowper.


En Amazonie Péruvienne, les chamanes communiquent avec l’esprit des plantes. Cette connexion entre la nature et les êtres humains se réalise car il est admis que les plantes sont douées de capacités intellectuelles dans la culture chamanique. Les plantes seraient-elles donc intelligentes ? Et dotées de capacité de communication ? Il est commun pour la science occidentale de penser que les plantes ne font pas état d’une quelconque intelligence. Cependant, si cette hypothèse était vraie, leur survie ne dépendrait que de la sélection naturelle. Or, les chercheurs ont remarqué que face aux agresseurs et au stress de leur environnement, les plantes accumulent des expériences et adaptent leur comportement en fonction de celles-ci. Face à ces phénomènes, il pourrait être légitime de s’interroger sur une possible intelligence des plantes. Mais qu’entendons donc précisément par intelligence ? Face à la complexité de ce concept, nous retiendrons, pour débuter notre réflexion, la définition donnée par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) : l’intelligence est la fonction mentale d'organisation du réel en pensées chez l’être humain, en acte chez l’être humain et l’animal. On constate que cette définition écarte complètement les végétaux du concept d’intelligence, ces derniers ne possédant aucune structure pouvant être qualifiée de système cérébral. En effet, l’être humain, tout comme l’animal, voient leurs capacités motrices et intellectuelles permises grâce à un organe central : le cerveau. A l’inverse, les plantes ont un centre de commande qui est réparti dans l’intégralité de leur organisme. Notre problème découle donc de conceptions obsolètes des plantes et de leurs capacités intellectuelles. Ainsi, notre axe de recherche portera sur les notions d'anthropocentrisme et anthropomorphisme. L’anthropocentrisme correspond à la tendance de considérer l’être humain comme centre de l’univers. Il en découle la définition de l’anthropomorphisme, qui, quant à elle, correspond à la tendance à se représenter toute réalité comme semblable à la réalité humaine.

Au vu des enjeux écologiques actuels, il serait peut-être nécessaire d’étudier les plantes afin de savoir si elles peuvent résoudre certains problèmes. Quitter notre conception anthropocentriste des plantes et de leur intelligence pourrait nous permettre de mieux appréhender ces dernières. Comment s’affranchir de l’anthropocentrisme lorsque l’anthropomorphisme semble indispensable pour faire comprendre à l’être humain que sa supériorité est contestable ? Pour y répondre, nous verrons, dans une première partie, en quoi questionner l’intelligence des plantes remet en cause la définition même de l’intelligence. Ce concept d’intelligence nous permettra d’introduire le problème de l'anthropocentrisme. Ensuite, nous essayerons de comprendre pourquoi les êtres humains ne considèrent pas les plantes comme des organismes intelligents. Les analogies entre systèmes neurologiques et racinaires nous permettront de comprendre que nous pouvons parler librement d’intelligence des plantes. Enfin, il conviendra de se détacher de cet anthropomorphisme en laissant la place aux nouvelles recherches et aux alternatives trouvées pour une nouvelle approche de l’intelligence des plantes.

Les Roseaux Pensants

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