COMPTE RENDU ALTERNATIF : Anna Lowenhaupt Tsing, The Mushroom at the End of
the World. On the Possibility of Life in Capitalist Ruins. Princeton
University Press, 2015
Anna Lowenhaupt
Tsing est une professeure américaine d’anthropologie qui enseigne à
l’université de Californie (Santa Cruz). Diplômée des prestigieuses universités
de Yale et de Standford, elle a écrit de nombreux ouvrages portant sur une
variété de questions anthropologiques, notamment sur l’écologie et le
fonctionnement des sociétés dans diverses aires géographiques. A côté de sa
profession initiale, Anna Lowenhaupt Tsing est également la directrice de
l’Aarhus University Research on the Anthropocene (AURA)[1] au Danemark et cherche ainsi à élaborer un programme
transdisciplinaire dans le cadre de l’exploration de l’anthropocène. C’est en 2015 que
l’autrice publia The Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life
in Capitalist Ruins (traduit en français par Le Champignon de la
fin du monde.
Sur la possibilité de vie dans les ruines du capitalisme). L’objectif
principal de cet ouvrage est, selon Anna Tsing, de proposer des solutions qui
permettrait aux individus de vivre dans les ruines du capitalisme (d’où le
choix du sous-titre). Pour cela, l’autrice a décidé de partir sur les traces
d’un champignon japonais : le matsutake. Ce champignon a en effet
une particularité surprenante : il est incultivable et se développe
uniquement dans des environnements ravagés par la main humaine.[2]
D’ailleurs, le prologue de l’ouvrage, sobrement appelé Autumn Aroma,
traite de la destruction de Hiroshima en 1945 par la bombe atomique, ville
japonaise où le matsutake a été la première chose à pousser suite au
massacre.
Temps de conjuration, Yunnan. Le matsutake brodé sur le gilet de ce marchand Yi accomplit la promesse de richesse et de bien-être.
Le gilet
codifie (Yi) l’origine ethnique et les espèces (fongiques), rendant ces unités
disponibles pour un moment d’action dans des histoires changeantes de
rencontre.
Cet ouvrage se situe au cœur des débats sur la
question de l’« utilité » du capitalisme dans le cadre de la
viabilité des espèces peuplant la Terre, qu’elles soient animales, végétales
mais également l’espèce humaine. En effet, le monde se divise en deux
catégories : ceux qui sont persuadés des bienfaits du capitalisme, et ceux
qui n’y croient plus. Nous pouvons alors penser au Musée du Capitalisme[3]
qui a ouvert en 2017 à Oakland (Californie). Ses fondateurs rejoignent en
plusieurs point la pensée d’Anna Tsing. Il est vrai que de plus en plus de
personnes critiquent le capitalisme, notamment des points de vue éthiques et
environnementaux. Cependant, d’autres personnes comme la romancière Ayn Rand
pensent quant à elles que le capitalisme et le concept de self made man
sont la clé du progrès social. Prônant les vertus de l’objectivisme dans son
célèbre ouvrage La Grève[4],
elle rencontra un franc succès auprès de nombreux lecteurs américains. Cet
ouvrage s’oppose alors aux idées d’Anna Tsing.
Ainsi,
Anna Tsing nous pousse à nous poser la question suivante : Que se
passerait-il si le capitalisme n’existait pas ? A travers notre
compte-rendu critique, nous allons tenter de vérifier si les hypothèses
proposées par l’autrice sont valables. De fait, dans une première partie, nous
allons résumer quelques passages de l’ouvrage (en effet, nous ne pourrons pas
tout traiter du fait de sa longueur). Ainsi nous concentrerons-nous sur les
passages suivants : la première partie en entier afin de mieux comprendre
le contexte dans lequel s’inscrit l’ouvrage (c’est-à-dire les chapitres 1 - Arts
of Noticing, 2 - Contamination as Collaboration et 3 - Some
Problems with Scale). Concernant la partie II, nous verrons seulement le
chapitre 10 - Salvage Rhythms : Business in Disturbance, concernant
l’exploitation des ressources naturelles par la société capitaliste. Puis nous
nous intéresserons à l’interlude nommé Tracking. Enfin, pour ce qui est
de la partie III, les chapitres 11 - The Life of the Forest, 12 - History,
et 13 - Resurgence, où l’autrice insiste sur l’aspect
« essentiel » du champignon vis-à-vis des consommateurs à travers le
monde. Aussi insérerons-nous le plus de
citations de l’ouvrage original (en anglais) possible afin que le propos soit
clair étant donné que nous ne ferons que des interprétations traduites en
français (nous pouvons nous permettre cette fantaisie, ce compte-rendu étant
« alternatif »). Ensuite, nous clôturerons notre compte-rendu avec
une critique interne puis externe de l’ouvrage d’Anna Tsing.
Comme évoqué dans l’introduction,
l’objectif de cet ouvrage est d’interroger « la possibilité de vivre dans
les ruines du capitalisme » à travers la trace du matsutake. Anna
Tsing nous propose donc parcourir dans son livre diverses régions du monde,
telles que les forêts de l’Oregon, le Canada, la Finlande et, évidemment, le
Japon. Ce bel ouvrage illustré se distingue des autres de son style de par son
aspect très poétique. D’ailleurs, notre compte-rendu réutilisera certaines
photographies présentes dans son livre afin d’illustrer notre propos.
Nous allons alors identifier les idées principales de
chaque partie sélectionnée afin d’analyser le raisonnement et les arguments de
Tsing.
La première
partie s’ouvre sur l’image d’une ancienne forêt de l’Oregon où le matsutake
s’est répandu. En effet, ce champignon étant très prisé des consommateurs, on a
vu éclore une « ruée vers l’or blanc » dès les années 1980. Dans le
premier chapitre de son ouvrage, Anna Tsing définit un grand nombre de concept
afin de mieux comprendre ses idées. Tout d’abord, elle définit le concept
d’« anthropocène » (terme clé de son ouvrage, étant elle-même
anthropologue) comme étant un terme contradictoire évoquant, d’après les
scientifiques, l’époque lors de laquelle l’impact négatif de l’être humain a
dépassé toutes autres forces.[5] On pourrait
appeler cet ensemble d’aspirations comme étant la vanité de l’homme moderne. A
côté de cela, l’autrice définit également la précarité comme étant une
condition de notre temps, au sein de laquelle nous nous trouvons vulnérables
aux autres.[6]
Ensuite, place au progrès, qu’elle considère comme donnant l’impression à
l’être humain de disposer de la toute-puissance grâce à ce dernier. Beaucoup
d’individus sont convaincus de ne vivre uniquement à travers le progrès. [7] Enfin, le
dernier terme à retenir est celui d’agencement. Il s’agit de rassemblements
toujours ouverts, nous permettant de nous interroger sur des effets de groupe
sans avoir à les assumer.[8]
Puis, dans son second chapitre,
Anna Tsing évoque la contamination. Selon elle, celle-ci serait une réponse clé
pour comprendre comment un rassemblement peut devenir encore plus grand que la
somme de ses parties.[9] . Comme
la contamination modifie les projets de mondes en chantiers, des mondes communs ainsi
que des nouvelles directions peuvent émerger. Ainsi, d’après Anna Tsing,
nous
sommes tous porteurs d’une histoire de contamination. Aussi, Tsing
insiste sur le fait que la collaboration est essentielle à notre survie. Or,
collaborer désigne un travail collectif, et ce, en dépassant les
différences ; et c’est la contamination qui fonde la diversité.[10]
Enfin, dans le
troisième chapitre de la partie I, Tsing réfère « quelques problèmes
d’échelle ».[11] En effet,
si
l’objet de recherche est la diversité contaminée, son
unité de base est la rencontre indéterminée. De plus, l’autrice explique
que
la scalabilité fait référence à la capacité d’un projet à changer d’échelle
sans problème, c’est-à-dire sans que se modifie en aucune manière le cadre qui
définit le projet.[12] La
scalabilité présuppose que les éléments du projet soient insensibles au caractère
indéterminé des rencontres : c’est ainsi qu’ils rendent possible une
expansion sans problème. Or, les matsutakes étaient à l’origine d’une économie
forestière non scalable sur les ruines d’une industrie forestière scalable, ce
qui pose problème.
Effets capitalistes, Oregon. Un acheteur
s’installe au bord de l’autoroute.
Le commerce relie la main-d’œuvre et les
ressources indisciplinées à des emplacements centraux pour l’inventaire, où la
valeur capitaliste est amassée dans la traduction (c’est à-dire la capacité à
faire passer une valeur non marchande en valeur marchande).
La seconde
partie de l’ouvrage traite de « l’accumulation par captation »,
définie par l’autrice comme
étant un travail de transformation par les marchés. Cette dernière permet au capitalisme
de produire de la valeur à partir de ce qui émerge en dehors de lui. Tsing nous
explique alors comment les industries japonaises ont multiplié les
sous-traitances pour pallier la hausse du yen à partir des années 1980, dans un
contexte de compétition internationale (notamment avec les Etats-Unis). Concernant
le chapitre 10 dans la partie II, Anna Tsing explique que les rythmes résiduels
sont une atteinte au monde des affaires. Les rythmes sont en effet des
formes d’ajustement temporel.[13] De fait,
quand ce n’est plus l’unique marche du progrès qui bat la mesure. C’est donc la
coordination irrégulière qu’opèrent les filières de récupération qui prend la
relève. De plus, l’autrice pense le capitalisme comme une machine de
traduction, programmée pour produire du capital à partir de toutes sortes de
modes de subsistance, humains et non-humains.[14]
Dans
son interlude Tracking, Anna Tsing fait un retour sur la trace des
champignons matsutake. Elle explique alors que pister la présence
des champignons, c’est suivre des enchevêtrements du monde naturel.[15] De plus,
Tsing évoque les mycètes, qui n’ont pas besoin du soleil pour survivre, mais
doivent se procurer de la nourriture comme les autres animaux. De fait, ils
fabriquent des mondes pour les autres.[16] Cependant,
les bénéfices mutuels n’impliquent pas toujours une harmonie parfaite, et il
arrive que les mycètes parasitent les racines. Enfin, Tsing conclue que les
relations mutualistes ne sont pas vraiment utiles pour comprendre le processus
de vie, et invoque le récit de l’autocréation des espèces.
Vie insaisissable, Oregon.
Le spoor des cueilleurs de plomb de cerf et de wapiti aux patchs de
matsutake. Là, les fissures signalent un champignon profondément assis montant
à travers le sol. Suivi signifie suivre les enchevêtrements mondentés.
Pour
finir, la troisième partie intitulée Disturbed Beginnings :
Unintentional Design, est consacrée au rôle des différentes perturbations
qui touchent les forêts. Anna Tsing explique alors qu’il faut perturber pour
restaurer, mais en prenant soin d’encourager la diversité et un fonctionnement
sain des écosystèmes. Dans le chapitre 11 de la partie III, l’autrice nous
parle du paysage comme étant le protagoniste de l’histoire.[17] C’est
alors que nous pouvons rapprocher cette affirmation avec l’ouvrage Vibrant
Matter de Jane Bennett, qui défend un matérialisme
vitaliste et vise à réformer la critique environnementaliste de la société de
consommation. Ainsi, Benett repense la place des acteurs non humains dans la
vie sociale et politique un peu à la manière de Tsing. Ensuite, le
chapitre suivant montre un aspect plus historique de l’évolution des forêts,
notamment avec l’exemple de la Finlande, où les forêts sont irréprochables. Suite
à son voyage, Tsing a conclu que suivre les pins était une manière d’écrire
l’histoire car ils construisent des agencements particuliers, engendrant des
rencontres interspécifiques. En se déplaçant d’un paysage perturbé à l’autre,
les pins construisent l’histoire grâce à l’association qu’ils contractent avec
leurs compagnons mycorhiziens. De plus, il est important de noter que ce sont
les animaux qui permettent aux graines de se disperser.
Paysages
actifs, Laponie. Quand ils ont vu moi photographier ces rennes parmi les pins, mes hôtes se sont excusés
que le sol était en désordre.
Cette forêt
avait récemment été éclaircie, ont-ils dit, et personne n’avait encore le temps
de ramasser tout le bois. Grâce à un tel nettoyage, les forêts ressemblent à
des plantations. Ainsi, les gestionnaires rêvent d’arrêter l’histoire.
Enfin, le
chapitre 13 de la troisième partie de notre ouvrage traite de la résurgence,
définie comme une puissance de vie propre à la forêt, une capacité à disperser
ses semences et à étendre ses racines ou ses rejets pour réoccuper des espaces
qui ont été déforestés.[18] Ainsi,
Tsing décide de mettre en avant avant la manière dont les grandes perturbations
historiques peuvent devenir des occasions s’offrant à des écosystèmes
relativement stables tels que ces forêts paysannes qui apprivoisent les
paysages désolés en leur permettant d’accueillir un grand nombre d’espèces
variées. Puis, Tsing revient sur le fait que êtres humains et arbres sont pris
dans des histoires irréversibles de perturbations.[19] Pour
finir, nous nous devons d’évoquer une notion clé de l’ouvrage, présente dans la
quatrième partie (cependant, nous ne nous en tiendrons qu’à celle-ci, et ne
résumerons pas le reste de la partie). Pour l’anthropologue, les communs
latents sont un devenir possible et meilleur dans certains cas, des milieux qui
continuent de vivre par les ruines du productivisme. Ces communs sont latents en deux sens : on
ne les remarque que rarement et ils sont juste à l’état de bourgeonnement.[20]
Ainsi, Tsing essaye d’inclure les humains dans la notion de communs, en tant que
contributeurs à un écosystème qui inclut aussi les non-humains. Cette notion
est également employée par d’autres intellectuels tels que Elinor Ostrom, citée
par Tsing.
Pour
conclure sur ce résumé, nous pouvons mettre en évidence les
« pistes » proposées par Anna Tsing dans son ouvrage comme
suit :
A travers l’exemple
du matsutake, Tsing met en lumière la difficulté de standardiser le
travail et les matières premières, car il s’agit d’un mécanisme plus
« sauvage » que nous ne pourrions penser. En effet, le matsutake
résiste au système de standardisation de par son caractère surprenant et
imprévisible. Cependant, bien qu’incultivable, ce champignon est très prisé des
consommateurs et est commercialisé en nombre. Anna Tsing propose alors l’idée
d’« accumulation par captation » en faisant référence aux élites du
XXème siècle qui croyaient avoir le contrôle absolu à cause du progrès (qui
donne l’impression que la croissance apporte toujours le bien-être). Or, ce
champignon est la preuve, d’après l’autrice, que les humains ne peuvent pas
avoir les pleins pouvoirs, étant donné qu’ils n’ont pas réussi à la cultiver.
Finalement, les
possibilités du capitalisme semblent être plutôt minimes par rapport à l’image
que l’on en donne. De plus, on aura toujours besoin de la nature pour produire
quoique ce soit. Tsing explique qu’on ne peut pas pas créer les objets dont on
a besoin, mais seulement transformer des éléments autour. De fait, cela nous
oblige à essayer de conserver un monde viable.
Aussi, une des citations clés de
Tsing est que « la précarité est la mesure de
notre temps » : cela s’oppose à l’idée de self-made man (évoquée
notamment par Ayn Rand). Tsing critique l’idée (très présente aux Etats-Unis
notamment) que les êtres humains peuvent se débrouiller seuls. Aussi, Tsing
voit la précarité comme quelque chose de positif car ces enchevêtrements liés
au besoin de travailler en commun avec d’autres espèces permet une sorte de
dépendance de l’autre, et ce quel que soit nos niveaux de vie. Enfin, nous
pouvons affirmer que Tsing considère que nous vivons déjà dans les
« ruines du capitalisme », même s’il se porte plutôt bien pour
l’instant.
La solution de Tsing pour que nous puissions
survivre réside donc dans le concept de « communs latents », évoqué
dans la partie IV de l’ouvrage. Il nous faut prendre conscience du potentiel
des communs afin de pouvoir évoluer dans un monde viable. La viabilité de
toutes les espèces est le maître mot concernant notre survie (que ce soit
humains, animaux, plantes, bactéries etc.).
Passons
à la critique interne, qui concerne le contenu de l’ouvrage. Premièrement, il
me semble que les arguments de l’autrice semblent cohérents. En effet, un grand
nombre de liens logiques sont employés, facilitant la compréhension du lecteur
et rendant le propos plus fluide. De plus, ces arguments semblent relativement
solides de par le fait du statut de l’auteur, ayant plusieurs casquettes et étant
reconnue par des institutions fiables. Aussi, nous pouvons noter qu’Anna Tsing
a inséré un grand nombre de sources extérieures et a référé une bibliographie
riche, valorisant davantage ses propos. De plus, Anna Tsing est partie
d’elle-même en expédition afin d’écrire cet ouvrage à partir de son expérience
personnelle, et a poursuivi sa réflexion pendant dix ans avant de publier ce
livre. Ainsi, cet ouvrage est le fruit de longues années d’études et
d’explorations, nous pouvons dire que l’autrice s’est réellement impliquée dans
ce projet qui lui tient à cœur. Cela peut montrer l’importance qu’ont ses
propos à ses yeux. Le seul petit bémol que je pourrais
trouver en pinaillant un petit peu, ce serait que la version traduite de cet
ouvrage est plus difficile d’accès que l’original sur des plateformes en ligne et
que, par conséquent, une barrière au niveau de la langue peut se former. Pour
ma part, n’étant pas habituée à lire des ouvrages entiers en anglais, j’ai mis
beaucoup plus de temps à l’étudier. Néanmoins, je doute que cela soit du
ressort de l’autrice et nous ne devons pas lui en tenir rigueur.
Pour
ce qui est de la critique externe, relative à la prise en compte du contexte,
nous pouvons dire qu’Anna Tsing a apporté de nouvelles pistes au domaine de la
recherche autant dans le domaine de l’écologie que de l’anthropologie économique.
En effet, en prenant l’exemple de ce fameux champignon, Anna Tsing permet de
tisser un lien fort entre ces différents domaines. Cet ouvrage s’inscrit dans
la veine d’une anthropologie de la mondialisation et est notamment remarquable
de par son analyse des tensions et des collaborations qu’il peut y avoir entre
les hommes et la nature. De plus, étant enseignant dans de prestigieuses
universités, ses hypothèses auront sûrement l’occasion d’être discuter voire
compléter par d’autres anthropologues qui auraient également travaillé sur la
question.
Pour conclure, cet ouvrage est doué
d’un grand nombre de qualités. En effet, on peut se faire notre propre point de
vue sur la question que se pose Anna Tsing, qui est ancrée dans un thème
faisant débat dans l’actualité. De plus, son ouvrage a un côté « ludique »
et les images incrustées permettent au lecteur de plonger au cœur de
l’histoire. Notons que le titre choisi semble se forger dans une vision
« apocalyptique », mais, cependant, la manière qu’a Anna Tsing d’exprimer
les choses est peut-être un peu trop optimiste à mon goût (cela reste mon avis
personnel). Néanmoins, cet ouvrage brille par sa fiabilité et sa beauté, il
nous permet de voyager depuis notre canapé et d’en apprendre plus sur des
cultures qui nous sont parfois trop étrangères. Ainsi, je pense que l’autrice a
accompli sa mission en faisant passer son message de manière globalement claire.
J’ai beaucoup aimé ce livre et le recommande à la lecture, d’autant plus que sa
structure est comblée par une organisation presque « organique », ce
qui est assez impressionnant.
[1] Site officiel de l’AURA : https://anthropocene.au.dk/
[2] “One Japanese
scientist explained matsutake as the result of “unintentional cultivation,”
because human disturbance makes the presence of matsutake more likely—despite
the fact that humans are entirely incapable of cultivating the mushroom.”. TSING
Anna, The Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 152
[3]
Fondé par Andrea Steves et Timothy Furstnau, ce musée est le
fruit de l’hypothèse d’un monde dans lequel le capitalisme aurait
disparu.
Le concept central de ce musée est d’éduquer une génération « postcapitaliste » afin d’expliquer ce que fut
le capitalisme et de ne pas reproduire cette situation à l’avenir. Une
soixantaine d’artistes sont exposés dans ce musée futuriste pour questionner
les mécanismes complexes de notre société capitaliste.
[4] La Grève (titre original
anglais : Atlas Shrugged), publié en 1957, est un des romans les plus
important de Ayn Rand.
[5] “Geologists have begun to call our time the
Anthropocene, the epoch in which human disturbance outranks other geological
forces. […] Thus, although some interpreters see the name as implying the
triumph of humans, the opposite seems more accurate: without planning or
intention, humans have made a mess of our planet. Furthermore, despite the
prefix “anthropo-,” that is, human, the mess is not a result of our species
biology.”. TSING Anna, The Mushroom at the End of the World. On the
Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 19
[6] “Precarity is the condition of being vulnerable to
others. Unpredictable encounters transform us; we are not in control, even of
ourselves.”. TSING Anna, The Mushroom at the End of the World. On the
Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 20
[7] “Progress
is embedded, too, in widely accepted assumptions about what it means to be
human. Even when disguised through other terms, such as “agency,”
“consciousness,” and “intention,” we learn over and over that humans are
different from the rest of the living world because we look forward—while other
species, which live day to day, are thus dependent on us.”. TSING Anna, The
Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist
Ruins, p. 20
[8] “The concept of assemblage is helpful. Ecologists
turned to assemblages to get around the sometimes fixed and bounded
connotations of ecological “community.” The question of how the varied species
in a species assemblage influence each other—if at all—is never settled: some
thwart (or eat) each other; others work together to make life possible; still
others just happen to find themselves in the same place.”. TSING Anna, The
Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist
Ruins, p. 22
[9] “How does a
gathering become a “happening,” that is, greater than a sum of its parts? One
answer is contamination. We are contaminated by our encounters; they change who
we are as we make way for others. As contamination changes world-making
projects, mutual worlds—and new directions—may emerge.”. TSING Anna, The
Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist
Ruins, p. 27
[10] “The diversity that
allows us to enter collaborations emerges from histories of extermination,
imperialism, and all the rest. Contamination makes diversity.”. TSING Anna, The
Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist
Ruins, p. 29
[11] “To learn anything we must revitalize arts of noticing
and include ethnography and natural history. But we have a problem with scale.
A rush of stories cannot be neatly summed up. Its scales do not nest neatly;
they draw attention to interrupting geographies and tempos.”. TSING Anna, The
Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist Ruins,
p. 37
[12] “Scalability is not an ordinary feature of nature.
Making projects scalable takes a lot of work. Even after that work, there will
still be interactions between scalable and nonscalable project elements.”. TSING
Anna, The Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in
Capitalist Ruins, p. 38
[13] “By “rhythms,” I mean forms of temporal coordination. Without the
singular, forward pulse of progress, the unregularized coordination of salvage
is what we have.”. TSING Anna, The Mushroom at
the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 131-132
[14] “In collecting goods and people from around the world, capitalism itself
has the characteristics of an assemblage. However, it seems to me that
capitalism also has characteristics of a machine, a contraption limited to the
sum of its parts. This machine is not a total institution, which we spend our
lives inside; instead, it translates across living arrangements, turning worlds
into assets.”. TSING Anna, The Mushroom at the End of the World.
On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 133
[15] “When researchers studied the fruiting bodies of what they thought of as
a species, the expensive Tibetan “caterpillar fungus,” they found many species entangled
together.”. TSING Anna, The Mushroom at the End of the World.
On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 143
[16] “Yet fungal eating is often generous: It makes worlds for others. This
is because fungi have extracellular digestion. They excrete digestive acids
outside their bodies to break down their food into nutrients.”. TSING Anna, The Mushroom at the End of the World.
On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 138
[17] “As sites for
more-than-Human dramas, landscapes are radical tools for decentering human
hubris. Landscapes are not backdrops for historical action: they are themselves
active. Watching landscapes in formation shows humans joining other living
beings in shaping worlds. Matsutake and pine don’t just grow in forests; they
make forests.”. TSING Anna, The Mushroom at the End of the World. On the
Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 152
[18] “Resurgence is the
force of the life of the forest, its ability to spread its seeds and roots and
runners to reclaim places that have been deforested. Glaciers, volcanoes, and
fires have been some of the challenges forests have answered with resurgence.”.
TSING Anna, The Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life
in Capitalist Ruins, p. 179
[19] “I want to
spotlight the question of how great historical disturbances may open
possibilities for the comparatively stable ecosystem of the ever-young and open
peasant forest.”. TSING Anna, The Mushroom at the End of the World. On the
Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 186-187
[20] “I search for fugitive moments of entanglement in the midst of
institutionalized alienation. These are sites in which to seek allies. One
might think of them as latent commons. They are latent in two senses: first,
while ubiquitous, we rarely notice them, and, second, they are undeveloped.” TSING Anna, The Mushroom at the End of the World.
On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, p. 255
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