Introduction : Repenser les systèmes agricoles face à la crise environnementale : un avenir pour les OGM.





« Le nombre de personnes souffrant de faim dans le monde est en hausse, avec 821 millions de personnes en 2017, soit une personne sur neuf » (WHO, 2018). La faim dans le monde n’est pas un problème récent mais il semble s’aggraver d’années en années avec la croissance exponentielle de la population mondiale. En effet s’il y a quelques décennies elle était majoritairement liée à un problème de redistribution des ressources, plus qu’à une production trop faible à l’échelle mondiale, cette tendance est peut-être sur le point de s’inverser avec la désertification croissante et les sécheresses de plus en plus violentes et récurrentes. « Le monde devra faire face à un déficit hydrique global de 40 % » dès 2030. Or, 70% de l’eau douce dans le monde est destiné à l’irrigation. La nature se dresse donc comme un obstacle face à nos modes de production et de consommation propres à une logique d’accumulation capitaliste. L’illusion d’abondance s’est finalement estompée, tandis que les premiers signes du dérèglement climatique et de la surexploitation des ressources sont apparues il y a de ça plusieurs dizaines d’années. La relation de l’Homme à son environnement a donc été modifiée. L’exploitation paisible est arrivée à son terme, il faut maintenant s’adapter à son environnement ou l’adapter à soi. Les OGM apparaissent comme une technologie qui illustrent la modification de nos rapports à la nature et les dilemmes qui en découlent. Ils semblent tantôt être un outil pour contrôler notre environnement tantôt une occasion de mimer la nature pour l’améliorer, comme pour le cas des OGM inspirés des plantes extrêmophiles. On peut alors se demander : comment l’évolution dans la vision de l’environnement a modifié notre considération des OGM ? La maîtrise de l’agriculture a nécessité de l’être humain toute son intelligence et son ingéniosité : à travers le développement de différentes machines, engrais et autres techniques visant à maximiser le rendement des plants. Cependant, cette maîtrise n’est pas définitive. Si on a cru un temps arriver à des taux de rendement bien plus élevés que tous ceux connus précédemment, notre environnement en constante évolution n’a cessé de nous détromper. Malgré le perfectionnement continu des techniques de production, la production agricole a de plus en plus de difficultés à satisfaire les besoins de la population. Cela permet d’interroger l’existence, l’étendue et l’évolution de la croyance commune en la suprématie technique de l’être humain. L’humanité arrive à la limite du modèle intensif et un nouveau système doit s’imposer. Ce n’est pas la première fois que l’Homme doit faire face à un changement de rythme de production, car les transitions démographiques sont naturellement accompagnées d’un changement de système et notamment de système agricole (Malassis, 1988). On peut considérer qu’une nouvelle transition agricole est déjà en cours, rejetant a priori tous les outils de profit instaurés par « l’économie agro-industrielle » : on se tourne vers l’agriculture biologique, l’agriculture locale et l’agriculture urbaine. Si ce retour aux sources est généralement considéré comme nécessaire dans ce nouveau cadre qui sort du modèle d’abondance connu, on peut toutefois questionner la pertinence de nier toute une partie de l’intelligence et l’ingéniosité déjà déployées. Prenons par exemple l’emploi des organismes génétiquement modifiés (OGM). Aujourd’hui, ils sont très critiqués. Si certains des reproches qui leurs sont fait sont questionnables, comme leur caractère cancérigène, d’autres sont légitimes, comme la dépendance des agriculteurs pour les semences à de grandes firmes telles que Monsanto, qui privilégient le profit à la durabilité et au rendement. Toutefois, des recherches prometteuses sont en cours, à l’image de celles menées par Jill Farrant, biologiste Sud-Africaine, qui modifie génétiquement des plantes pour leur permettre de développer des mécanismes employés par des végétaux dits extrêmophiles qui par l’évolution sont devenus résistants à la sécheresse. La bibliographie thématique ci-dessous annonce notre approche transversale de ce sujet, qui nécessitera d’abord une analyse philosophique et sociologique de la perception que l’Homme a de son environnement, pour mieux comprendre ce qui motive sa volonté de transformer le système. Cela mènera à l’étude de la réappropriation des outils potentiels de cette transition, que sont les OGM. Une étude en deux temps qui se concentrera d’abord sur leur utilisation actuelle, leur fonctionnement, la perception que nous en avons et les problèmes que cela soulève. On s’intéressera ensuite aux considérations des perspectives d’évolution de cette biotechnologie notamment par mimétisme des extrêmophiles pour s’adapter aux altérations de l’environnement.


Plan : 

I-L’Homme face à son environnement 
  1. A) La fin de l’abondance
  1. Charbonnier, Pierre. « 9. Risques et limites : la fin des certitudes ». Sciences humaines, 31 mars 2020, 31551.
    Latour, Bruno. Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique. Les Empêcheurs de penser en rond. La découverte, 2015. https://editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Face____Ga__a-9782359251272.html.
    Parmentier, Bruno. Nourrir l’humanité: les grands problèmes de l’agriculture mondiale au XXIe siècle. Paris: La découverte, 2009
  1. B) S’adapter à son environnement 
  1. Aspe, Chantal, et Marie Jacqué. Environnement et société. Une analyse sociologique de la question environnementale. http://journals.openedition.org/lectures. Quae éditions. Nature sociales. Maison des Sciences de l’Homme, 2012. http://journals.openedition.org/lectures/8373. 
    Larrère, Raphaël, et Catherine Larrère. Du bon usage de la nature: Pour une philosophie de l’environnement. Champs. Paris: Flammarion, 2009. https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=QjijlGbQhjQC&oi=fnd&pg=PT8&dq=agriculture+reflet+de+la+vision+de+l%27environnement&ots=8MjiJN2070&sig=K8HJofzaB_ujh-kAu6bn7-OkZp8#v=onepage&q&f=false.   
    Servigne, Pablo, Olivier De Schutter, et Yves Cochet. Nourrir l’Europe en temps de crise : Vers des systèmes alimentaires résilients. Jambes: Nature et progrès, 2014.
  1. C) Faire face à la nature
  1. Ahuja, L.R. Response of crops to limited water :  understanding and modeling water stress effects on plant growth processe. 1 vol. Advances in agricultural systems modeling - Transdisciplinary research, synthesis, and applications 1. Madison (Wis.): American society of agronomy, 2008. 
    Food and Agriculture Organization of the United Nations. L’avenir de l’alimentation et de l’agriculture. Parcours alternatifs d’ici à 2050. Résumé. Rome, 2018.
    Joly, Pierre-Benoît. « Innovation << responsable >> et developpement durable Produire la legitimite des OGM et de leur monde ». FUTURIBLES, no 383 (mars 2012): 89110. 
    Parmentier, Bruno. Nourrir l’humanité: les grands problèmes de l’agriculture mondiale au XXIe siècle. Paris: La découverte, 2009.  
    Parida, Ajay, et Suja George. « Sustaining and enhancing crop productivity in  an era of climate change ». CURRENT SCIENCE, Sustainable Food and Nutrition Security, 109, no 3 (8 octobre 2015): 46275. 
    Saxena, N. P., éd. Management of agricultural drought :  agronomic and genetic options. Enfield: Science Publ, 2003.
    Servigne, Pablo, Olivier De Schutter, et Yves Cochet. Nourrir l’Europe en temps de crise : Vers des systèmes alimentaires résilients. Jambes: Nature et progrès, 2014.

     
    II- Les OGM nous sauverons t-ils ?

A) Les OGM à l’épreuve du peuple 

Berthier, Sylvie, et Valérie Péan. Les OGM à l’épreuve des arguments. Versailles: Éditions Quæ, 2011. http://public.ebookcentral.proquest.com/choice/publicfullrecord.aspx?p=3398819. 
Charbonnier, Pierre. « 9. Risques et limites : la fin des certitudes ». Sciences humaines, 31 mars 2020, 315‑51.
Chevassus-Au-Louis, Bernard B. « OGM et agriculture : options pour l’action publique ». Le Courrier de l’environnement de l’INRA, no 45 (février 2002): 4752.  
Chevassus-au-Louis, Bernard. « L’expert, le décideur et le citoyen ». Sciences en questions, 2007, 9‑67.

Joly, Pierre-Benoît. « Innovation << responsable >> et developpement durable Produire la legitimite des OGM et de leur monde ». FUTURIBLES, no 383 (mars 2012): 89110. 
« La situation des OGM en France ». Consulté le 1 juin 2020. https://agriculture.gouv.fr/la-situation-des-ogm-en-france.
Schiffino, Nathalie, et Frédéric Varone. « La régulation politique des OGM ». Courrier hebdomadaire du CRISP n° 1900, no 35 (1 décembre 2005): 5‑34. 
  
B) Durable : un simple argument marketing ?
  1.  Berthier, Sylvie, et Valérie Péan. Les OGM à l’épreuve des arguments. Versailles: Éditions Quæ, 2011. http://public.ebookcentral.proquest.com/choice/publicfullrecord.aspx?p=3398819.
    Brulé, Elodie. « La Tour de garde des OMG de la mobilisation contre les OGM à la promotion d’une agriculture alternative : les premiers pas vers une agriculture durable ? » Revue de lorganisation responsable Vol. 4, no 2 (2009): 59‑71. 
    Chevassus-Au-Louis, Bernard B. « OGM et agriculture : options pour l’action publique ». Le Courrier de l’environnement de l’INRA, no 45 (février 2002): 4752.
    Chopplet, Marc. « Agriculture et OGM ». Quaderni 56, no 1 (2004): 4558. https://doi.org/10.3406/quad.2004.1649. 
    Inf’OGM. « Des brevets sur le vivant ». Inf’OGM, 1 juin 2020. https://www.infogm.org/-OGM-et-brevet-sur-le-vivant-.
    « OGM : Importance des cultures GM ». Consulté le 13 juin 2020. http://www.ogm.gouv.qc.ca/ogm_chiffres/importance_cultures.html. 

  1.  C) Créer en s’inspirant
  1. Durvasula, Ravi, et D. V. Subba Rao, éd. Extremophiles :  from biology to biotechnology. 1 vol. Boca Raton, FL: CRC press,Taylor & Francis group, 2018.
     Farrant, Jill M. « A Comparison of Mechanisms of Desiccation Tolerance among Three Angiosperm Resurrection Plant Species ». Plant Ecology 151, no 1 (1 novembre 2000): 2939. https://doi.org/10.1023/A:1026534305831. 
     Moore, John P., Mäite Vicré‐Gibouin, Jill M. Farrant, et Azeddine Driouich. « Adaptations of higher plant cell walls to water loss: drought vs desiccation ». Physiologia Plantarum 134, no 2 (2008): 23745. https://doi.org/10.1111/j.1399-3054.2008.01134.x. 
    Mundree, Sagadevan G., Bienyameen Baker, Shaheen Mowla, Shaun Peters, Saberi Marais, Clare Vander Willigen, Kershini Govender, et al. « Physiological and molecular insights into drought tolerance ». African Journal of Biotechnology 1, no 2 (2002): 2838. https://doi.org/10.4314/ajb.v1i2.14812. 
    Parida, Ajay, et Suja George. « Sustaining and enhancing crop productivity in  an era of climate change ». CURRENT SCIENCE, Sustainable Food and Nutrition Security, 109, no 3 (8 octobre 2015): 46275.
    Parvaiz, Ahmad. Water stress and crop plants :  a sustainable approach. Chichester, West Sussex: John Wiley & Sons, Ltd, 2016.
    Quérellou, Joël, et Jean Guézennec. « Biotechnologie des extrêmophiles ». Text. Ref : TIP140WEB - « Bioprocédés ». Editions T.I. | Techniques de l’Ingénieur, 10 mai 2010. 2010. https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/procedes-chimie-bio-agro-th2/ressources-marines-et-biotechnologies-bleues-42834210/biotechnologie-des-extremophiles-bio580/.
    Salehi-Lisar, Seyed Yahya, Hamideh Bakhshayeshan-Agdam, Soumen Bhattacharjee, David J Burritt, et Lam-Son Phan Tran. Drought stress tolerance in plants. Édité par Mohammad Anwar Hossain. Vol. 1. Cham: Springer international publishing, 2016.   
    Ulrich Lüttge, Erwin Beck, et Dorothea Bartels. Plant desiccation tolerance. Ecological Studies, Analysis and Synthesis, v. 215. Berlin Heidelberg New York: Springer, 2011.










     


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